Amis sportifs, je suis le seul intellectuel 50% sportif;
amis intellectuels, je suis le seul sportif 50% intellectuel;
amis cons, allez surfer ailleurs;
amis, jeunes ou vieux, qui ne voulez pas mourir idiots, venez me rendre une petite visite de temps en temps.

dimanche 27 novembre 2016

DEUX PRALINES ET UN CARAMEL

    Je lis, à propos de limes (citronniers) de Tahiti "en pot, il faut souvent arroser la motte". Messieurs, à vos arrosoirs ! Poète, prends ton luth et me donne un baiser...

    Que dit le médecin catholique devant la rétention urinaire qu'il ne parvient pas à soigner : "le méat coule pas".

    La logorrhée des médias finit par étourdir l'intelligence : il n'y a plus que la lecture, le silence et la solitude pour retrouver ses esprits.

jeudi 24 novembre 2016

ÇA ME DÉMANGE

    J'ai beau bosser sur mon roman, je n'ai pas pu résister... Trois notules quant à la divine comédie politique.

    Tous les jours je consulte mes dictionnaires parce que je doute du sens de certains mots (que je croyais pourtant posséder). Ainsi, quand j'entends les zopos se beurrer la tartine avec des expressions telles que "j'ai beaucoup d'amitié et d'estime pour monsieur..." je cours à mon Littré en sept volumes !

    Les pays participant à la COP 22 reportent les décisions à plus tard... Comme c'est ballot ! Enfin, pour une surprise, c'est une surprise !

    Amis fonctionnaires, serrez les fesses ! Les tueurs de feignasses prévoient des chasses à courre titanesques, presque aussi féroces que celles de ce crétin de Buffalo Bill qui se vantait d'avoir abattu des centaines de bisons* (son record, 69 dans une journée). Évidemment, si quelqu'un de leur progéniture sort avec le diplôme ad hoc ces zopos ne verront aucun inconvénient à ce qu'il intègre le fonctionnariat, le grand fonctionnariat bien sûr.

    Pour ma part, sur le modèle du CRIF et du CRAN, je créerais bien -jamais en panne de conneries- le CRAD, Conseil Représentatif des Auvergnats Déracinés. Marre du dédain pour la bourrée ; vive la saucisse sèche, le cantal et le tripoux !

*Considérés comme des boeufs sauvages des prairies, en général placides, plutôt que des fauves sanguinaires.

dimanche 20 novembre 2016

BONHEURS

    Chers petits vampires lecteurs, Dieu sait si la radio peut nous abreuver de musiques assommantes, d'inepties commerciales et de nouvelles accablantes, mais aujourd'hui elle m'a fait du bien.
    Dans l'article CRISE GRISE, le 6 novembre, je vous parlais de mes crises de doute, or ce matin j'ai eu la preuve que je suis moins crétin que je ne le craignais ; en effet, Corinne Lepage, femme intelligente et frondeuse, affirmait qu'il fallait limiter les carrières politiques à deux, trois mandats, pour qu'on ne voie plus de ces hommes qui y entrent à vingt ans et n'en ressortent qu'à quatre-vingt !
    Si vous cherchez bien dans mes 241 articles vous constaterez que je ne pense pas différemment depuis belle lurette...
    Vous aurez également noté que je me suis abstenu de tout commentaire quant à la COP 22 ; pour savoir ce que j'en pense, reprenez mes trois billets sur la COP 21 ! Deuxième bonheur : un journaliste reconnu, à propos de la COP francaise, a dit qu'il était inévitable que "la montagne accouche d'une souris". J'ai bu du petit-lait, même si j'avais plutôt parlé du "mammouth qui accouche d'un pet de souris", hyperbole oblige !
    Au passage, une remarque particulièrement fine -je ne sais pas ce que j'ai, ce matin je me suis réveillé avec les chevilles enflées : une preuve que la situation est critique... quand on a besoin des COP c'est que le bateau prend l'eau !
   Ceci dit, tous les jours je constate que des citoyens, à leur échelle, agissent pour la planète ; nous ne serons jamais trop pour mener le combat. Surtout maintenant que nous avons un khmer vert à la Maison blanche.
    A ce propos, troisième joie : il paraît que Trump a dit qu'il aimait sa femme parce qu'elle était élégante et qu'elle ne pétait jamais (sic) : moi qui avais titré le 3 juin dernier TRUMP (Trump pète, de là renommé), je me rengorge, glousse comme un dindon et m'autocongratule !

N. B. : A partir de la semaine prochaine je relis mon dernier roman, histoire de voir son goût après sept mois d'affinage dans mon tiroir. Ne soyez pas étonné si les articles se raréfient.

vendredi 18 novembre 2016

SOS FANTÔMES

    Jésumarijosef, depuis mon réveil ma cafetière cérébrale est à un tel état d'ébullition que je n'arrive pas à trier dans mes exaspérations, alors ce billet s'annonce comme un remarquable fourre-tout.
    Je craque à force d'entendre "au plus haut sommet de l'État" : quand on voit la gueule du sommet on prie pour ne pas avoir à escalader toute la chaîne...
    Hier, dernière logomachie des primaires de droite. Qu'avons-nous vu ? J'hésite entre une réunion des ectoplasmes non-anonymes et une exhibition de clones tristes -vous avez vu, je fais des progrès, je n'ai pas mis de U après le O ! Un ennui mortel m'anesthésiant, j'aurais pu m'endormir sur mon divan, n'eût été ce goût bizarre sous le palais, comme si, revenu à ma prime jeunesse, je mastiquais une bouchée de viande mâchée tout l'après-midi (vous avez connu ça, aussi).
    Hier, c'était à la fois SOS fantômes et Le retour des morts-vivants ; les zombies avait l'air à peu près humains mais des trépassés parlaient par leur bouche. Il m'a semblé reconnaître les voix de Raymond Barre, de Balladur, d'Edgar Faure, de Couve de Murville, et même de Raymond Poincarré...
    Comme je ne voudrais pas que vous pensiez que je suis de gauche -en fait, je suis pire- je tiens à vous signaler que les primaires socialistes s'annoncent à peu près aussi passionnantes. Je ne sais pas encore quels spectres viendront les hanter, mais préparez l'aspirine.
   A propos de traces de défunts, vous aurez noté qu'hier la robe que Maryline portait le jour où elle chanta son petit couplet à JFK a été vendue 4,8 millions de dollars ; une nouvelle qui me ravit, au point que je suggèrerai aux commissaires priseurs de tenter quelques coups du même tonneau. Je ne sais pas, moi, avec un chandail bien cracra de Céline, un mégot d'une cigarette fumée par Humphrey Bogart en janvier 1957, un justaucorps non lavé de Véronique ou Davina.

    Bon, mon cerveau étant aussi agité qu'un boulier de loto, je prends mon morey et je me casse, histoire de me refroidir les neurones. DMOS

mercredi 16 novembre 2016

POUR NE PAS PARLER DE TRUMP

    Vous pouvez imaginer que l'élection de Trump a titillé mes neurones mais comme j'étais dans une période d'abstinence (une fois par an je m'astreins à vivre une semaine sans calembours) je me suis dispensé de pondre des "tout le monde peut se trumper, l'élu à deux bananes -très fin- ou le président Trompette* tempête". Il faut dire que j'avais déjà commis l'irréparable dans l'article TRUMP du 3 juin dernier.
    Ainsi, donc, je vais vous parler d'architecture, ce qui n'a aucun rapport avec le nouveau président des USA, à moins qu'on fasse référence à l'architecture capillaire...

    Je me souviens de Dali disant de Picasso qu'il avait la hantise du pompier(-isme), la terreur de passer pour conventionnel ; le Bauhaus et Le Corbusier étaient, entre autres motivations, animés par la même horreur.
     Leur haine du décoratif, du pittoresque, de la fantaisie et des rondeurs confine à la monomanie, presque autant que leur amour de l'hygiénique, de la normalisation et des angles.
    A la limite, pourquoi pas ? Dans les bâtiments individuels, ils ont souvent été intéressants. Je regrette simplement que cette architecture puritaine soit devenue le nouvel académisme, livrant le monde urbain à l'uniformité et au gigantisme.
    Le problème n'est pas tant que nos villes modernes soient banales ou laides -notions subjectives, le problème c'est qu'il suinte de nos cités un colossal ennui visuel, car, que l'on aille à Denver, Évry ou Shangaï, on trouve le même bâti, à peu de choses près.
    Les touristes ne s'y trompent pas qui, fuyant l'uniformité, visitent systématiquement les centres anciens.
    Quitte à adopter le catéchisme des novateurs du vingtième siècle naissant, j'aurais préféré qu'on s'inspire d'un Hennebique, d'un Lloyd Wright ou d'un Gaudi, plutôt que des Mis van der Rohe, Gropius ou Le Corbusier.
    Il est encore temps de mieux faire.

*Un des sens de ce mot en anglais, vous le saviez déjà.

samedi 12 novembre 2016

AÏE, ROBOT !

    Le robot, mécanique ou électronique, censé soulager le travail de l'homme finit par remplacer ce dernier.
    On peut penser que nous allons connaître un nouveau cycle dans l'ère cybernétique, car dans plusieurs pays du monde on prépare activement une mutation dont nous ne parvenons pas à estimer l'échelle : des milliers, voire des millions de salariés vont laisser la place à des robots.
    Le -maigre- marché du travail qui en résultera sera ouvert aux concepteurs et aux techniciens [installation, vérification, maintenance, réparation].
    De vastes secteurs pourraient bientôt se contenter d'équipes réduites, style ingénieurs-opérateurs-réparateurs, là où aujourd'hui l'industrie de deux cents, cinq cents ou mille personnes est nécessaire.
    Comme l'homme va toujours au bout de ce qu'il entreprend, même une folie, il y a fort à parier que nous allons tout droit vers cette dés-humanisation du travail.
    J'ai quelques doutes sur la balance positive entre emplois créés et détruits, ainsi que sur la perspective humaniste de cette évolution, mais chacun se fera une conviction au fil du temps et des nouvelles, quitte à me traiter de vieil imbécile si les vapeurs sceptiques de mon mauvais esprit se révèlent injustifiées.
    Permettez-moi de vous joindre un bref récit que, jeune con de vingt-huit ans, j'ai écrit sur ce sujet il y a belle lurette et qui, je le reconnais volontiers, ne mérite pas le Goncourt de la nouvelle.




                                                           LA MALADIE DES  M.I.





     La pièce, d’ordinaire ocre, se feutrait de sang et le moindre relief du tissu mural retenait la lumière pourpre ; le bureau entier baignait dans un déluge de soleil. Vu le silence on aurait pu croire que la vie s’était retirée avec cette hémorragie lumineuse. Simple apparence ; un homme, noyé dans la couleur ambiante, était prostré dans l’immobilité d’une statue, perdu dans son fauteuil coquille. Louis Morant mesurait sa détresse et un ennui mortel planait sur son avenir.

    Tout avait commencé avec une crise cardiaque : Emile Tournier, l’ingénieur chef du personnel, était mort un cinq octobre, à trois ans de la retraite. Cette disparition avait ébranlé l’édifice tranquille de son entreprise et à cinquante-neuf ans Morant avait vu avec anxiété le départ d’une de ses pièces maîtresses.
   Pourtant, celui qui remplaça Tournier parvint à revitaliser un organisme qui fonctionnait encore mais commençait à se scléroser ; Aymeric Santerre, énarque major de sa promotion, avait observé, analysé, jaugé l’entreprise en quelques semaines. Saine, vigoureuse, pouvant marcher mieux ; réinvestir des capitaux, sacrifier à la prospective, élargir les marchés, dynamiser les cadres, serrer certains budgets : en fêtant sa soixantième année Morant avait eu l’impression d'en avoir perdu  vingt tant la vitalité de Santerre était contagieuse.

    Trois mois après ses débuts celui-ci déposa sur le bureau directorial un volumineux dossier ; Morant le lut d’une traite, comme un roman policier, fasciné par la savante terminologie et l’audacieuse certitude du jeune cadre. Trois points dominaient : le lifting des locaux, l’augmentation du budget publicité, la création d’un parc de M.I., machines intelligentes de dernière génération qui expédiaient les ordinateurs dans la préhistoire.
    Morant s’interrogea : les locaux étaient anciens mais spacieux, confortables, en bon état, bien exposés ; la publicité se faisait régulièrement dans différents médias, juste pour maintenir une réputation solide ; quant aux ordinateurs, le service gestionnaire ne s’en plaignait pas. Toutes ces restrictions avaient été balayées par l’enthousiasme de Santerre.

    Ce fut un succès financier sans précédent, le chiffre des contrats bondissant de 50%. La mutation se fit presque sans heurts ; pour superviser le pool des M.I., Santerre fit engager un camarade de promotion, Guy Grubert, gagné aux mêmes idées progressistes. Il y eut bien la dépression du chef comptable mais, par une savante procédure, on parvint à le mettre à la retraite.

    Ce n’est qu’au bout d’un trimestre que Santerre aperçut le ver qui s’agitait dans le fruit : Grubert, son coreligionnaire, pratiquait sans scrupules la surenchère et lorgnait dangereusement sur le fauteuil de vice-président en cours d’institution. D’ailleurs dès le mois d’avril il posa une première mine : le service gestion marchait à merveille avec trois hommes et le nombre des contrats augmenterait moins vite que les possibilités de traitement des M.I., donc, pourquoi ne pas automatiser l’ensemble des services, à l’exception des contacts avec le public ?

     Grubert arracha  la décision ; de douloureux licenciements furent nécessaires et un syndicat fut sur le point de se former, mais il domina énergiquement la situation et les résultats lui donnèrent raison.
    C’est à cette époque que la Californian Instruments sortit la merveille des merveilles : la M.I. 116, machine intelligente capable de contrôler d’autres M.I. avec un seul servant. Santerre obtint l’accord pour l’achat, une fortune. La guerre était ouverte ; en effet, les trois programmeurs virent leur contrat interrompu et Grubert, qui en débuta un ulcère à l’estomac, fut désigné comme servant de la M.I. 116, alors que Santerre devenait vice-président. La Compagnie des Assurances Morant fonctionnait avec deux têtes, un servant et trois réceptionnistes que l’introduction de la fonctionnalité « hôtesse électronique » rendit bientôt inutiles.

    Morant ne touchait plus terre : il avait réduit ses charges au minimum et les investissements allaient être digérés sous peu. La frénésie, née de la haine à présent ouverte entre les deux énarques, le gagnait petit à petit et c’est Grubert qui lui offrit sur une assiette chaude la possibilité d’assouvir sa funeste griserie. Le servant de la M.I.116 avait minutieusement, bien qu’aveuglément, préparé un chien de sa chienne : une seconde M.I. 116 et le vice-président devenait inutile. Le servant aussi ! Morant ne laissa pas passer l’occasion : Grubert et Santerre furent licenciés le même jour.

    Morant pouvait craindre une erreur des M.I. qui aurait mis tout le système en cause et les contractants en colère mais les machines, dans leur perfection, semblaient prendre un savant plaisir à éliminer le moindre accroc, le moindre germe de défectuosité. Leur autonomie était si entière et si fiable qu’il commença à s’ennuyer. Elles avaient même éliminé leur talon d’Achille, la fourniture d’énergie, en s’abonnant à trois compagnies dont elles répartissaient l’électricité à leur guise et en faisant installer dans les sous-sols un monstrueux groupe électrogène.

    Morant en était là dans ses pensées amères et le soleil sur le mur du bureau n’était plus qu’un carré gros comme un dessous de plat. A l’entrée une M.I. avait commandé l’ouverture des portes vitrées ; un homme en vêtements sombres était entré. Il avait des lunettes teintées et portait une longue caisse. Son pas résonnait dans le silence glacial des couloirs. Morant, trop absorbé, ne fit même pas attention quand l’inconnu ouvrit la porte de son bureau, et son expression n’avait pas changé quand la balle traversa son crâne de part en part.
    L’homme attendit la nuit pour descendre la caisse pleine, en ahanant. La rue était déserte à cette heure-là, dans ce quartier d’affaires.  Dès qu’il eut embarqué le cercueil, il s’en alla ; éliminer le corps serait pour lui un jeu d’enfants. La place libre contre le trottoir fut bientôt occupée par une camionnette de livraison ; deux heures après, le R.D.H.1, la machine intelligente conçue par les M.I.  pour les manager, commençait à fonctionner et débutait dans le métier de P.D.G. sous le pseudonyme de Louis Morant.

dimanche 6 novembre 2016

CRISE GRISE

    Il y en a que la crise dégoûte, d'autres qui connaissent des crises de goutte, moi je traverse plutôt des crises de doute.
    Le plus souvent celle de l'écrivain, quand je n'arrive pas à me défaire de cette impression de n'être pas au niveau des autres, qui ont l'air si sûrs d'eux. Ou quand je finis d'écrire un livre et que je me demande si ne ne viens pas de pondre une bouse.
    Pourtant en ce moment c'est une autre question qui me tenaille : lorsque j'entends les candidats aux primaires, à gauche comme à droite, j'en viens à douter de mon catéchisme personnel.
    Et s'ils avaient raison ? Après tout, la Terre va peut-être se guérir par elle-même de toutes les blessures que nous lui avons infligées : le réchauffement climatique ne sera qu'une parenthèse, les sols et les eaux finiront par digérer toutes les pollutions, les populations animales se reconstitueront spontanément.
    Et si l'idéologie ultralibérale était la bonne ? Après tout, une vie d'homme peut se remplir avec le comblement des déficits, la croissance à tous* prix, l'esclavage social. Vit-on si mal à l'ombre de la précarité lorsqu'on a un big mac dans le gosier ?
    Finalement, mes préoccupations environnementales et altermondialistes** ne sont peut-être qu'un pathos d'occidental privilégié !
    Allez, aujourd'hui, plutôt que de prendre mon vélo je vais brûler de l'essence et à midi je vais me taper une côte de boeuf-frites-mayonnaise en visionnant un discours de Trump sur mon ordi...

*Je mets un S volontairement.
**Au sens étymologique du terme.

samedi 5 novembre 2016

TROIS RAISONS D'AIMER L'HIVER DANS LE MIDI

    Jésumarijosef, par honnêteté intellectuelle je dois signaler que -contrairement à ce que j'ai pu croire au matin du premier novembre dernier- je ne suis pas l'inventeur du mot ubutopie : Pascal Picq l'a créé il y a trois ans dans son livre De Darwin à Lévi-Strauss, que je vais m'empresser de lire. Tant pis pour moi...
    Les jours raccourcissent, la lumière perd de son éclat, le soleil s'attiédit : l'approche de la mauvaise saison a tout pour nous déprimer et pourtant, chaque année à cette époque, une petite joie me titille. Eh, oui, j'ai mes raisons d'aimer l'hiver !
    D'abord, je suis délivré du bruit des moteurs de piscine ainsi que des splashs et gloussements nocturnes des baigneurs de minuit. Seuls le chat-huant, la mouette noctambule et le technicien poubellier sont susceptibles de troubler mon sommeil.
    Ensuite, je peux errer dans mon jardin, à la tombée du jour, sans que mes narines marinent dans les parfums de chipolatas et de merguez.
    Enfin, sous un gentil soleil et 15 ou 17°, je peux penser à mes amis en Auvergne qui se gèlent les noisettes par -5 !
    Avant de vous quitter, une réflexion particulièrement profonde : si les policiers américains bousillent autant d'autos dans la réalité qu'ils en pulvérisent dans les films, Dodge, Ford et Chevrolet doivent se gaver.
    Allez, je prends mon morey et je me casse. DMOS

mardi 1 novembre 2016

L'UBUTOPIE

    Nous aimerions vivre une utopie  mais le monde, dans son état actuel, ne nous propose qu'une ubutopie. Certains essaient de nous faire croire que nous marchons dans une sorte de disneyland alors que nous avançons dans les avenues d'Absurdland.
    Il y a belle lurette que ceux qui façonnent le monde ont dépassé les plus fêlés penseurs de la pataphysique. Sous l'apparence lisse de la rigueur et de la logique les lézardes apparaissent mais, comme chez Ubu dans sa démesure et les fonctionnaires kafkaïens dans leur religion normaliste, l'absurdité bourgeonne, pousse, sans faire éclater l'enveloppe coriace du réalisme politico-économique.
    Dans ce monde déjà surchargé fleurissent les projets surdimensionnés ; notre voracité augmente et exige toujours plus de chair d'une planète exsangue ; les compteurs démographiques s'affolent -à l'inverse de ceux des animaux libres (sauvages, terme douteux)- et je ne me risquerais pas à parier sur un ralentissement du phénomène.
    A l'anthropocène, mot aussi judicieux que neutre, je préfèrerais l'anthropobscène. Car, en notre beau royaume d'Ubutopie, la petite misère quotidienne est sublimée par la vie rêvée de la pub, les conceptions démentes portent les doux noms de progrès et modernité !
    Pourtant , comme pour une anamorphose, si nous enlevions le cylindre réfléchissant qui enjolive le réel nous verrions le terrifiant non-sens de nos certitudes actuelles.
    Non, la conurbation Fukuoka-Tokyo n'est pas un paradis urbain mais une colossale absurdité de mille kilomètres où il ne subsiste que des traces de nature.
    Non, les ingrédients du béton et du ciment ne poussent pas comme des radis mais exigent leurs rations gigantesques arrachées aux plages, rivières et montagnes.
    Non, le capitalisme (s'il est le moindre mal) n'est pas le couronnement abouti de plusieurs siècles de progrès, et l'on ne me fera pas croire que l'intelligence humaine est incapable de concevoir un système qui sera moins destructeur des êtres et de la planète.
    La solution ne viendra pas de ma petite tête de piaf, malgré tout, si nous ne voulons pas finir dans la trappe, happés par le crochet à phynances du père Ubu, il faudrait déjà ouvrir notre esprit à cette question...
                  Et si nous envisagions de recréer le monde ?

    Merdre, à la fin !