Amis sportifs, je suis le seul intellectuel 50% sportif;
amis intellectuels, je suis le seul sportif 50% intellectuel;
amis cons, allez surfer ailleurs;
amis, jeunes ou vieux, qui ne voulez pas mourir idiots, venez me rendre une petite visite de temps en temps.

samedi 12 mars 2016

DEUX VIOLETTES DE MARS

    Chers petits vampires lecteurs, je vous avais prévenus : l'immersion dans un roman est un voyage, donc une absence. Voilà  pourquoi mon blog reste muet. Cependant mon affection inconsidérée pour vous me pousse à vous offrir deux petites pensées pré-printanières, primevères cérébrales, aphorismes sans euphorie.

    Il est de gens qui ne se consolent jamais de devoir un jour priver le monde de leur présence, mais le vent les emportera, comme les autres.

    J'imagine parfois notre société comme la salle d'un cocktail. Devant le plantureux buffet du monde chaque caractère s'affirme : ceux qui, s'étant jeté sur la nourriture, dévorent à belles dents tout en remplissant une assiette -voire un sac- puis font le gros dos pour défendre leur position et interdisent âprement l'accès aux plats ; ceux qui passent un bras au-dessus des premiers et attrapent des amuse-gueule, essayant d'utiliser leur membre chercheur comme un pied de biche pour dégager un espace entre les goinfres ; ceux du rang suivant qui guettent tout ce que les précédents lâcheraient au moment où ils repasseraient leur bras au-dessus des têtes des nantis ; enfin ceux qui contemplent les dos de tous les autres et captent de loin les mouvements masticatoires de la première ligne et les odeurs d'une nourriture à laquelle ils ne goûteront jamais.

vendredi 4 mars 2016

L'HOMME MICROBISÉ

     Je lutte sans cesse pour ne pas devenir un vieux pessimiste qui, voyant pointer la fin de son existence, se complaît à discerner dans toute nouveauté les prémices de la fin du monde et n'aperçoit dans toute innovation qu'une machine supplémentaire à précipiter la planète dans le gouffre de la décadence.
    En dépit, donc, de ma réticence à la jérémiade sénile et de ma nature positive,  je ne peux m'empêcher de redouter ce dont beaucoup font leurs délices : l'automatisation et la dématérialisation. Le motif de mon inquiétude : ces deux démarches prolongent et amplifient un processus déjà bien installé qui rapetisse l'homme ordinaire, n'épargnant que ceux qui le contrôlent ou en tirent profit.
   Je suis frappé par trois signes : le premier c'est le transhumanisme -pour moi une défaite de l'humanisme- qui tend à artificialiser l'homme dans l'idée de le rendre éternel. Perspective cauchemardesque de vivre à jamais dans un monde déréglé et abîmé, comme l'avait envisagé Barjavel dans La Nuit des temps.
    Le deuxième c'est la robotisation, qui substitue la machine à l'homme jusqu'aux moindres services et met à notre disposition des appareils à l'efficacité démesurée : ainsi, l'abatteuse Kesla 28RH de Finlandia vous transforme un arbre mature en grumes de 5 mètres en un temps record. En gros, vingt secondes pour "traiter" un végétal poussé en vingt ans ! Et un seul homme aux commandes de l'engin...
   Le dernier, c'est cette fascination malsaine pour l'intelligence artificielle ; certes, en composant ce texte je suis en train de l'utiliser, mais je ne suis pas son dévot, seulement son utilisateur.
    Le rêve de remplacer toute la piétaille humaine par une machine parfaite titille bien trop de gens ; nous avions eu une première alerte avec la défaite aux échecs de Kasparov face à l'ordinateur Deep blue en mai 1997. Un nouvel avertissement nous est donné avec la victoire de l'Alphago devant Fan Hui, le meilleur joueur européen de go.
    Pouvons-nous croire un seul instant que si Ah ma zone avait la possibilité d'acquérir des robots capables de conduire les chariots, de sélectionner les livres et d'assurer les envois, elle hésiterait longtemps avant de congédier les esclaves qu'elle emploie aujourd'hui ?