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mardi 30 août 2016

BURKINI ROCK

    Jésumarijosef, je sors tout juste d'une cure de désintoxication ! Deux mois et demi sans une goutte d'internet, à peine un soupçon de télé, de temps en temps une larme de téléphone et, régulièrement, un zest de radio, avec modération...
    Je me disais "Au premier clic, ce sera la rechute", et puis non : j'ai siroté négligemment ma page fessebouque, à peine grignoté ma boîte mail, ignoré mon blog. Je vais donc mieux.
    Ceci dit, je n'ai pas pu échapper aux averses médiatiques ; j'ai notamment essuyé plusieurs gros orages sportifs, avec leur lot habituel de charabia hyperbolique, de pathos éléphantesque et de chauvinite aiguë. Broutilles à côté des grains à répétition provoqués par les nébulosités burkiniesques.
    Ah, le tube de l'été : Burkini rock, et son beat d'enfer !
    La première fois que j'ai entendu ce mot (d'une oreille distraite, je le confesse) j'ai cru à une métonymie monastique, du style "un cordelier se défroque... C'est la bure qui nie, et se renie", puis j'ai compris qu'un mot-valise était né : mixer bikini et burqa, il fallait l'oser.
    Bien entendu, le résultat est consternant en matière d'élégance vestimentaire mais le port de cet affûtiau serait anodin s'il n'y avait ce relent de provocation, de surenchère identito-religieuse. Il y a trente ans on provoquait le bourgeois en exhibant ses miches -même raplapla, aujourd'hui on choque le gaulois en affichant des signes extérieures de religiosité (de refrilosité ?).
    Comme si notre Seigneur se préoccupait du degré de recouvrement de notre peau... Il est à peu près aussi crétin de vouloir plaire à Dieu en cachant son épiderme que de penser cacher ses fesses derrière la ficelle d'un string.
    A l'écoute de ces histoires de burkini j'ai été titillé par l'envie de me promener à poil sur une plage, vêtu d'une simple croix pectorale en laine tressée. Finalement, je me suis contenté d'imaginer une tenue de bain pour curé, qu'on pourrait appeler le burkin'abbé : comme de plus en plus de prêtres  africains viennent suppléer le manque de vocations, nous pourrions ainsi voir sur nos côtes un burkinabé portant un burkin'abbé...
    Toutes ces histoires de voiles et de burkinis ont un parfum désagréable et me rappellent la bonne vieille intolérance qui indignait Voltaire. Non pas celle qui ne supporte pas son prochain "différent", plutôt celle qui veut signifier à autrui la supériorité ou l'éclat de sa croyance. Dans la sphère intime d'une maison ou d'un lieu de culte, exposez vos kippas, vos voiles, vos turbans ou vos crucifix, mais dans la sphère publique ne les imposez pas aux autres ; ils sont le signe ostentatoire de votre différence et un refus implicite de la neutralité sans laquelle toute vie sociale est un buisson de ronces.
    Pour clore dignement mon petit quart d'heure réac, je me suis demandé ce qui adviendrait d'une étrangère qui entreprendrait d'arborer son bikini sur certaines plages du Proche-Orient... Je ne suis pas certain qu'elle aurait le loisir d'enlever sa jupe. Il est aisé de hurler à l'intolérance dans un pays globalement bienveillant mais l'ouverture d'esprit dicte de se montrer réservé chez nos hôtes. Si je m'étais installé dans un pays étranger -par commodité ou envie- j'aurais mis un point d'honneur à en parler parfaitement la langue et donné à mes fils, futurs citoyens de ces lieux, des prénoms locaux. C'est la courtoisie que l'on doit à ceux qui vous accueillent, comme l'écrivait Montaigne.
    Bien, assez bavé... Il est temps que je prenne mon morey et que je me casse. Morbleu ! Je réalise que ma combi d'hiver ressemble terriblement à un burkini ! DMOS