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jeudi 27 février 2025

PETIT PAPA NOËL

     Ah, mes agneaux, tout un chacun prétend ne pas croire au Père Noël, et pourtant... Des pernoëls, cela fait belle lurette qu'il en traîne, et pas en traîneau, dans la fourmilière démente qu'on appelle le monde ; des lustres qu'ils nous font prendre des vessies pour des lanternes, des corbeaux pour des ortolans, des œufs de lump pour du caviar, et qu'ils nous font étinceler leurs "joujoux par milliers". Tiens, le grand blond foutraque, l'agité du bocal, l'homme au hennin capillaire dit à coiffure papillon, c'est pas un beau pernoël, ça : ils avaient des paillettes dans les yeux, les amerlinches, quand il leur disait "je vais nettoyer tout ça, les métèques, les fonctionnaires, l'union européenne et tous les niaquoués de la planète". Et, cherry on the cookie, il leur a fait don du mot magique, de la parole ultime : le maga* !

    Ce nonobstant, soyons objectifs, on n'a pas attendu Mister T. pour gober à plein bec les billevesées, les charres et autres calembredaines. Je vous ai mis de côté trois petites friandises, chopées dans un livre de référence, le Dictionnaire du Diable, de Roland Villeneuve...

    Dans les années 50, Paul Decoray, un charlatan, créa un talisman, le pentacle sacré hindou, qui vous mettait à l'abri des coups du sort mais pas des aigrefins.

     En 1969, un mage, qui se baptisait Prophète du soleil, avait coutume, dans le jardin de la secte, de s'enfermer dans une tente avec une belle disciple, pour mettre à l'épreuve la force de sa vertu. Avant de procéder à ce test effrayant, il demandait aux autres membres de prier avec vigueur contre les démons qui viendraient interrompre son "commerce mystique". Hélas, à son corps défendant, il faisait subir les derniers outrages à la jeune personne, à "couilles rabattues", si vous me permettez l'expression. Après avoir cédé sans rémission au sortilège lubrique, il sortait de la tente et engueulait les disciples pour la mollesse de leurs prières...

    Autre pernoel cocasse, le Père Ginoux qui avait créé, dans les années 80, Le temple d'exorcisme. Il pouvait désenvouter le quidam pour 200 francs la consultation et, n'écoutant que son altruisme, il organisait des séances collectives pour lesquelles les malheureux maléficiés ne s'acquittaient que de 600 misérables francs !

 

Et vous me dites que le Père Noël n'existe pas... Allo! Non, mais allo, quoi !

 

*Make America great again.

mercredi 12 février 2025

SPÉCIAL CLUNOBÉ

     Chers membres du Clunobé,

     Je sais que vous êtes des érudits modestes, que sous votre carapace de citoyen bougon et rugueux, se cache un penseur subtil, amateur des belles lettres, c'est pourquoi je n'hésite pas, aujourd'hui, à "taper dans le haut niveau". Je pousserai même l'audace, le culot, voire le toupet, jusqu'à vous conseiller une lecture !

    L'envie de vous concocter cet article m'est venue comme pousse un bouton de fièvre sur la lèvre d'une jeune beauté. En fait, je lisais -à la fois ignominieux et concupiscent- Le banquet des Léopards du regretté Alphonse Boudard, auteur de quelques livres roboratifs, tels que La cerise, Le corbillard de Jules et, œuvre par laquelle je perdis ma virginité argotique, La métamorphose des cloportes (à moins que ce ne fût par Si "queue d'âne" m'était conté de Frédéric Dard).

     Alors que je tournais les pages d'un doigt ému et pudique, je suis tombé sur ces lignes :

 "Il aimait lui les femmes bien en chair... les grosses, comme Dédé Hardellet le poète. [...] Hardellet, on ne l'a jamais reconnu pour ce qu'il était, pour ce qu'il reste... Un écrivain infiniment précieux, un chercheur proustien du temps perdu... un ange fourchu du bizarre. Dans les belles lettres comme partout règne l'injustice la plus évidente. On adule plusieurs générations de pauvres plumitifs à l'écriture fade... faux penseurs, poètes pacotilles ! Certains, dès leur apparition, leur premier bout de texte. Un pâlichon roman gallimardien, toute la coterie, les affectés spécieux, les salons, les petites revues vous le proclament grand tauteur... celui qu'on attendait. Ça se discute plus ultérieur... c'est admis une fois pour toutes. Il peut pondre n'importe quel pensum, faribole... on étudie ses pauvres fientes en faculté, on ensnobe les garnements... on le traduit dans toutes les langues. Il est le messager de la France. D'autres pourront produire, pendant ce temps, des choses sublimes, des petits joyaux ciselés d'émotion, d'expérience, de goût... personne, mis à part quelques amateurs obscurs sans influence aucune, ne parle de leurs œuvres. Ce qu'il faut faire je crois, beaucoup de schproum, de salades, de proclamations, de scandale, un exercice pour lequel Hardellet n'était pas doué." 

    Je ne commenterai pas ce texte ; je me contenterai de vous conseiller la lecture de Irréfutable essai de successologie, de Lydie Salvayre. Elle m'a fait sourire plus d'une fois.

    Pour alléger cet article, permettez-moi, chers Nobés, de vous transmettre une nouvelle, que seul mon ignoble abandon de Yadupéku? ces dernières années m'a empêché de diffuser : il y a un peu plus de quatre ans, Gwyneth (à l'origine, je crus que c'était gouinette) Paltrow, l'actrice américaine, a commercialisé un parfum puis une bougie aux senteurs* de son vagin. La chandelle a connu un succès éclatant, même pour un prix oscillant entre 67 et 75 dollars. Brutale rupture de stock : j'eus une pensée émue pour cette courageuse personne qui dut pratiquer des milliers de fois l'inductio lucernae (enfin, je suppose).

  Allo! Non, mais allo, quoi !



*Senteurs définies comme "un mélange de pamplemousse acidulé, de néroli et de baies de cassis mûres mélangées avec du thé en poudre et des absolus de rose turque".

vendredi 7 février 2025

DÉGONFLER LE MELON

     Parmi les écrivains, il en est dont l'orgueil suinte par tous les pores de la peau ; ils commencent par avoir les chevilles qui gonflent, puis, la vanité suivant un mouvement ascendant, ils finissent par avoir le melon. Si l'on peut comprendre cette hypertrophie autophile chez des célébrités comme Philippe Sollers (Dieu ait son âme), on peut s'étonner de celle d'auteurs bien plus obscurs (j'en fus le témoin sidéré).

    S'ils ne sont pas affligés, comme certains de mes confrères et moi-même, d'une tendance féroce à l'autodérision, les infatués risquent un éclatement du bulbe, particulièrement dangereux pour leurs thuriféraires qui bourdonnent et volètent dans leur aura. Dans un esprit à la fois charitable et œcuménique, je leur propose trois remèdes pour éviter cette explosion cérébrale.

    1- Le passe-livre : j'en ai visité un, dernièrement, à Colmars-les-Alpes, fort bien fourni, cimetière des éléphants d'une autre époque. Les "gros vendeurs" d'hier gisaient, éparpillés sur le sol, mordant la poussière : les Troyat, Sabatier, Denuzière, Des Cars... Cet édicule bourré d'ouvrages m'est apparu comme une sorte de purgatoire, lieu transitoire avant la disparition dans les limbes.

    2- La librairie d'occasion : hormis quelques recoins où, comme la laisse de mer, des bouquins ont échoué, pêle-mêle, déjà empoussiérés, c'est un espace où les exemplaires sont à peu près rangés. Ici demeure un reste de dignité, mais les couvertures gercées et le papier jauni trahissent le début de la déchéance, la glissade initiale dans la pente fatale de l'oubli. 

    3- Le catalogue de dernière page d'un livre déjà daté : c'est peut-être l'expérience la plus radicale. Elle éradique toute illusion. J'ai parfois épluché ces listes de quelques pages, sans trouver auteur que je connusse, moi qui ai quelques connaissances en littérature. Cinquante, cent écrivains parfois, dont je n'avais pas lu une traître ligne : espoirs de leur éditeur, vedettes en devenir, aujourd'hui cadavres décomposés, victimes de la broyeuse temporelle.

    Alors, chers confrères, faites comme moi : cueillez dès à présent les roses du lectorat, avec simplicité et reconnaissance. Déjà heureux d'avoir procuré quelque plaisir à d'honnêtes gens. Dites-vous bien que dans cinquante ans, presque toutes les gloires seront parties en fumée, que les jeunes gens du futur se jetteront sur vos livres comme je me jette sur le chansons de Rina Ketty.

    Avant de laisser le dernier mot à ma philosophe préférée (qui restera, elle, ne serait-ce que pour ses pleins et ses déliés), permettez-moi, amis Nobés, de donner la parole à Céline : "Invoquer la postérité, c'est faire un discours aux asticots."

      Allo! Non, mais allo, quoi !