Chers membres du Clunobé,
Je sais que vous êtes des érudits modestes, que sous votre carapace de citoyen bougon et rugueux, se cache un penseur subtil, amateur des belles lettres, c'est pourquoi je n'hésite pas, aujourd'hui, à "taper dans le haut niveau". Je pousserai même l'audace, le culot, voire le toupet, jusqu'à vous conseiller une lecture !
L'envie de vous concocter cet article m'est venue comme pousse un bouton de fièvre sur la lèvre d'une jeune beauté. En fait, je lisais -à la fois ignominieux et concupiscent- Le banquet des Léopards du regretté Alphonse Boudard, auteur de quelques livres roboratifs, tels que La cerise, Le corbillard de Jules et, œuvre par laquelle je perdis ma virginité argotique, La métamorphose des cloportes (à moins que ce ne fût par Si "queue d'âne" m'était conté de Frédéric Dard).
Alors que je tournais les pages d'un doigt ému et pudique, je suis tombé sur ces lignes :
"Il aimait lui les femmes bien en chair... les grosses, comme Dédé Hardellet le poète. [...] Hardellet, on ne l'a jamais reconnu pour ce qu'il était, pour ce qu'il reste... Un écrivain infiniment précieux, un chercheur proustien du temps perdu... un ange fourchu du bizarre. Dans les belles lettres comme partout règne l'injustice la plus évidente. On adule plusieurs générations de pauvres plumitifs à l'écriture fade... faux penseurs, poètes pacotilles ! Certains, dès leur apparition, leur premier bout de texte. Un pâlichon roman gallimardien, toute la coterie, les affectés spécieux, les salons, les petites revues vous le proclament grand tauteur... celui qu'on attendait. Ça se discute plus ultérieur... c'est admis une fois pour toutes. Il peut pondre n'importe quel pensum, faribole... on étudie ses pauvres fientes en faculté, on ensnobe les garnements... on le traduit dans toutes les langues. Il est le messager de la France. D'autres pourront produire, pendant ce temps, des choses sublimes, des petits joyaux ciselés d'émotion, d'expérience, de goût... personne, mis à part quelques amateurs obscurs sans influence aucune, ne parle de leurs œuvres. Ce qu'il faut faire je crois, beaucoup de schproum, de salades, de proclamations, de scandale, un exercice pour lequel Hardellet n'était pas doué."
Je ne commenterai pas ce texte ; je me contenterai de vous conseiller la lecture de Irréfutable essai de successologie, de Lydie Salvayre. Elle m'a fait sourire plus d'une fois.
Pour alléger cet article, permettez-moi, chers Nobés, de vous transmettre une nouvelle, que seul mon ignoble abandon de Yadupéku? ces dernières années m'a empêché de diffuser : il y a un peu plus de quatre ans, Gwyneth (à l'origine, je crus que c'était gouinette) Paltrow, l'actrice américaine, a commercialisé un parfum puis une bougie aux senteurs* de son vagin. La chandelle a connu un succès éclatant, même pour un prix oscillant entre 67 et 75 dollars. Brutale rupture de stock : j'eus une pensée émue pour cette courageuse personne qui dut pratiquer des milliers de fois l'inductio lucernae (enfin, je suppose).
Allo! Non, mais allo, quoi !
*Senteurs définies comme "un mélange de pamplemousse acidulé, de néroli et de baies de cassis mûres mélangées avec du thé en poudre et des absolus de rose turque".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire