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lundi 11 janvier 2016

PHOTO CHOPE

    Dans mon infinie naïveté je m'étonne encore de la boulimie d'images qui nous fait béer devant tous ce chats-rois ou ces chats-teignes, ces gamelles itératives, ces miches à l'étal, ces inci- ou acci-dents qui amusent lorsqu'ils ne nous blessent pas.
    Comme si, malgré l'inévitable saturation, nous pouvions encore engamer du cliché, même bouffis, gavés et vaguement nauséeux !
    Je n'aime guère la photo, encore moins quand c'est moi qu'elle représente ; outre qu'elle fige une réalité qui l'instant d'après n'est déjà plus, elle a tendance à flatter le narcissisme, le voyeurisme et la nostalgie, mauvais penchants contre lesquels nous nous défendons tant bien que mal.
    L'image immobilisée pour l'éternité -qu'elle soit film ou photo- a, je crois, peu à nous apprendre si ce n'est à titre de document historique. Mais ce n'est pas l'usage que nous en faisons car le travail de l'historien suppose la patience, le long épluchage des sources, tout un travail de fourmi studieuse dont la plupart des iconophages sont incapables.
    Il me semble que je perçois trois types d'images -outre l'historique- : il y a celle de l'artiste, photographe, vidéaste ou cinéaste, qui nous offre une sorte de merveilleux visuel, comme une sublimation frelatée du monde. Hormis la technique, je ne vois pas quelles leçons en tirer.
    Il y a celles du youtubeur (parfois entubeur), spectacle brut ou mise en scène d'un ersatz de réalité, qui, comme la barbe à papa, nous remplit de vide sous l'illusion sucrée.
    Enfin, il y a  l'image informative (malgré tout résultat d'un montage et d'une sélection) et qui peut -parfois sans intention- devenir un outil de manipulation, le journaliste intervenant alors comme une autorité dans le domaine de l'analyse ou de la conscience.
    Le mal est-il si grand ?
      L'image n'est ni un propos ni un texte, elle n'enseigne pas grand chose ; et pourtant nous nous en nourrissons en permanence. Elle contribue même à créer des mythologies superficielles dont nous faisons grand cas (la femme physiquement et moralement parfaite, l'homme athlète surhumain néanmoins humaniste, la Terre belle comme un objet d'art ). D'une certaine façon elle nous maintient dans une superficialité qui nous détourne de la profondeur des sentiments, des détresses, des joies et des souffrances. Avec elle nous sommes dans le réactif, dans l'immédiat, et l'une chassant l'autre nous finissons par n'éprouver que des émotions-flashs, sans nous arrêter pour goûter la "chair" du monde.

    Ceux qui ont lu l'article Pire que carambar doivent être titillés par une question : comment passe-t-on du calembour indigent -mais assumé- à un semblant de réflexion sur l'image ? C'est tout l'enjeu de ce blog et son titre n'a pas été choisi au hasard. Pour avoir un peu fréquenté les couloirs de la littérature j'ai pu constater que chez beaucoup d'écrivains, même des plus grands, un fond assez rustique coexistait avec des exigences d'esprit. Alors, derrière l'écorce vulgaire de Yadupéku? pourquoi n'y aurait-il pas un fruit aux saveurs plus subtiles ?
   Je n'ai qu'un regret -mis à part de n'avoir pas plus de lecteurs- c'est l'absence de controverse. Quelques commentaires bien sentis m'aideraient à aiguiser ma pensée dont je sens parfaitement les imprécisions ou les emportements. Peut-être ce blog est-il encore un peu jeune ? Ou alors, je suis un écrivain trop petit ?

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