Les idées sont parfois comme les concombres : vous croyez les avoir bien digérées et au moment où vous n'y pensez plus, hop, le remontalou, une petite resucée venue des profondeurs de l'esprit (ou de l'estomac).
Avant-hier je grignotais notre hyperconsommation d'images ; ce matin j'observais un merle qui se gavait de baies de lierre lorsque, allez savoir pourquoi, je suis passé du merle à la bécasse ! A la silhouette de l'oiseau sombre s'est substituée celle de Zahia Dehar, canonisée en Marianne par Pierre et Gilles.
Avec ce portrait nous sommes dans le kitch mondain, le mauvais goût assumé, la provoc qui rapporte dans une ironie consensuelle sans valeur anarchiste ; mais le problème n'est pas là...
En fait, cette image est le prototype même de l'arme de crétinisation massive, d'autant plus exemplaire qu'elle est le résultat d'un travail artistique : elle prouve que plus elle est luxueuse (artificialisée, retouchée) plus l'image déréalise le monde.
Sinon, comment expliquer que ce que l'on pourrait considérer comme une sorte de seinte Trinité* de l'apparence -Kim Kardashian, Nabilla, Zahia- connaisse un succès planétaire, que ces trois personnes dont l'atout principal est leur allure, attirent plus de curieux que des femmes au moins aussi séduisantes mais autrement intelligentes [je ne sais pas moi... Cate Blanchett, Audrey Pulvar, Aïda Touhiri, Chantal Jouanno, Rama Yade, Jodie Foster...] ?
L'intelligence et le talent n'ont pas forcément un "look" et tout ce qui brille n'est pas or ; voilà pourquoi je me pose cette question : peut-on être à la fois iconophile et connophobe ?
*Et je me suis retenu... la sainte éthique du nibard (très fin), sainte Tétine, philosophie michéenne, canonichons les plus belles poitrines,...
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