Joseph Conrad disait que "le monde vit dans le mensonge pour ne pas s'effondrer". Si ce n'est le mensonge, du moins l'illusion. Par exemple l'illusion que notre façon de vivre est soutenable encore des décennies, voire des siècles.
Le deux grandes tendances du capitalisme contemporain c'est la volonté d'optimiser financièrement le monde (mais tout n'a pas à être utile et rentable) et l'obsession de la vitesse. Pour ce faire il doit consommer les hommes et les ressources (donc la nature) de façon brutale et excessive ; comme il s'agit d'un abus, il impose ses actions par la rhétorique, auprès des médias et des gouvernements -d'où la nécessité des lobbyistes, des chercheurs diplômés dévoyés- et par la crainte insufflée à la population.
Relayée par des journalistes inféodés et des "spécialistes" dans des émissions télévisuelles, l'INQUIÉTUDE est devenue un mode de gestion de la masse : peur de perdre son emploi, d'être déclassé, de ne pas toucher une retraite décente, de l'anarchie monétaire ou politique. Paralysante, cette anxiété programmée permet aux "maîtres capitalistes"*d'imposer leur loi et de faire avaler les couleuvres les unes après les autres : le licenciement boursier (la première fois que j'ai entendu ce mot je ne l'ai pas compris), la disparition progressive du CDI, le travail généralisé le dimanche (et un jour futur, sans contrepartie salariale), le rythme de travail ou la pression déments dans certaines branches,...
C'est là que le recul offert par l'Histoire est fructueux : il nous permet, par exemple, de relire les hurlements de désespoir et les annonces d'apocalypse des patrons quand on est passé de 72 à 60 heures de travail hebdomadaire, au dix-neuvième siècle !
Aujourd'hui on aimerait que des hommes de pouvoir appellent à un nouvel âge des Lumières ; il devrait être écologique mais cela ne serait pas suffisant. Quant à concevoir cette nouvelle civilisation, ce n'est pas mon petit cerveau qui donnera la solution : il y faudrait une sorte de COP où se côtoieraient des hommes très divers, intelligents, excellents dans leur partie, uniquement motivés par le souci de l'avenir commun. Les hommes politiques s'y verraient accorder une place minime.
Et la vie m'a appris que l'espace entre la désespérance et l'espoir, entre le découragement et l'optimisme est souvent étroit ; que des riens suffisent à nous réinsuffler l'énergie vitale. Pourquoi en y irait-il autrement pour une civilisation ?
*Comme il y a des maîtres artisans
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