Je ne vais pas m'étendre sur les origines de ce mot, d'autres en ont parlé mieux que moi. Pour mes lecteurs nordistes voici un bref schéma :
estrasse* } vieux chiffon, guenille, serpillère} d'où s'estrasser = s'étendre avec toute l'élégance d'une serpillère.
L'ado illustre à merveille l'action de s'estrasser car tout de suite s'impose à notre esprit l'image du boutonneux bougon à la voix en perdition, répandu de tout son long sur le divan et regardant l'écran allumé d'un oeil éteint.
Mais le provençal est une langue vivante et ce mot continue à évoluer : s'estrasser c'est aussi se coucher sur son lit, comme un verrat dans sa bauge, en vue d'une petite sieste, un pénéqué.
Pour mon premier roman j'avais d'ailleurs inventé une sieste sportive, l'estrassade, qui ne se maîtrise qu'au prix d'entraînements rigoureux ; l'estrassadaïre chevronné est capable de surfer sur son endormissement, émergeant de chaque assoupissement pour replonger doucement vers le sommeil, puis de nouveau se réveiller avant de sombrer encore, et ainsi de suite. Tout ronflement est disqualificatif.
Alors, si vous avez un petit coup de mou après le repas, commencez tout de suite l'entraînement : peut-être, un jour, vous deviendrez un grand estrassadaïre !
*désigne aussi un type négligé, minable.
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