Vu hier le film DEMAIN -promis, je n'ai pas vu arriver le jeu de mots- avec des sentiments mélangés.
Ce film épatant m'a réjoui dans la mesure où il montre que le NALASH* gagne du terrain, que de plus en plus de Terriens se relèvent pour affirmer les droits de la planète et les conditions de notre survie.
Mais en même temps que je me réjouissais, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une amertume parce que me revenaient à l'esprit les souvenirs des années 70/80 : les sarcasmes de mes condisciples étudiants, la condescendance de mes amis de l'UNEF, les lazzis des hommes politiques, les polémiques vénéneuses avec les tenants du nucléaire, de l'agriculture intensive et du tout autoroute.
Au départ je n'avais que 19 ans et peu de connaissances ou d'expériences à opposer aux contradicteurs ; pourtant ma conviction était déjà profonde. Du point de vue de la pensée écologique, j'ai vécu ces années comme une traversée du désert,souvent démoralisante, ponctuée de quelques oasis ( la revue Le Sauvage, Dumont, Dorst, Steiner, Rabhi un peu plus tard).
Il faut avoir connu la virulence de ceux qui ne partageaient pas notre approche ; par conséquent, vous pouvez imaginer mon bonheur de voir notre pensée se répandre. Pourtant cette joie n'est pas sans mélange : d'abord parce que j'ai du mal à digérer le temps perdu -j'accuse les politiciens d'avoir volontairement écarté l'écologie et d'avoir contribué à l'éventuelle irréversibilité des dégâts environnementaux- sachant que la plupart des problèmes évoqués dans DEMAIN avaient été parfaitement analysés dès le début des années 70.
Ensuite, je redoute la gigantesque inertie de ceux qui dirigent le monde et qui vont freiner des quatre fers pour ralentir le mouvement de bascule vers une civilisation différente. Je n'en veux pour preuve que l'âpre combat contre l'aéroport de Notre-Dame des Landes ; ce projet, soutenu par MM. Valls, Macron et sans doute Hollande, est le prototype même d'une conception dépassée du monde, avec son gaspillage insensé d'espace, son anéantissement de ressources agricoles, son jacobinisme aveugle.
Malgré tout je ne suis pas 100% désespéré, car un film comme DEMAIN est une bouffée d'air frais. Des gens bougent un peu partout et meublent ce qui fut longtemps mon (notre) désert.
*NALASH : mot et notion que j'ai créés dans mon dernier roman, DÉVASTATION, et qui seront l'objet d'un article à venir.
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