La dérision est à la mode ; elle n'est souvent qu'une sorte de décontraction facile et vaine qui mitraille les travers de notre société. Il n'est pas nécessaire de me soumettre à la gégène pour me faire avouer que je la pratique volontiers, pourtant, j'ai tendance à penser que si elle est pratiquée sans dessein elle n'est qu'une coque vide, le fruit d'une intelligence ou d'une forme de talent, mais désespérément inutile. D'une certaine façon, un gâchis.
Bien qu'on puisse -presque- tout traiter par la dérision il ne sert à rien de démolir si l'on n'a rien pour reconstruire. Les humoristes qui dézinguent à tour de bras me font penser à un dentiste qui arracherait tous nos chicots sans la moindre prothèse pour les remplacer.
L'ironie est une arme redoutable, c'est pourquoi il ne faut pas défourailler en permanence : une balle bien placée fera bien plus de dégâts qu'une volée de grenaille.
Notre monde hypermédiatisé émousse tout en peu de temps : la saveur des mots, l'authenticité des paroles, l'impact des formules caustiques. Pas de sel c'est fade, trop de sel c'est immangeable. C'est pourquoi je prêche pour la dérision constructive qui casse en ayant déjà le matériau pour rebâtir, qui se refuse les sujets dans lesquels elle est déplacée (douleurs intimes, sentiments désintéressés,...).
En vertu de cette idée je me suis refusé à tout billet sur le 13 novembre, même si je n'oublie pas les ignobles que j'avais, d'ailleurs, déjà égratignés dans mon dernier livre, Dévastation... Mais c'est une autre histoire.
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