Jésumarijosef... De la même façon qu'on s'endurcit les pieds à l'orée de la belle saison pour affronter les claquettes, tongs et autres squelettes (ou méduses selon la région), j'avais reconstitué ma carapace protectrice après des vacances béates et, déjà, les meurtres les plus odieux, les ravages insensés des tyrans et les saignées à blanc de l'ultra-libéralisme ne me faisaient plus guère d'effet, quand, horreur et sudation, quelques nouvelles assassines vinrent percer ma chitine à peine reconstituée !
Les fondements même de ma pensée, le socle de mes certitudes, la base de ma sérénité, balayés par deux découvertes de chercheurs qu'apparemment on ne paye pas à peigner la girafe (peut-être à fendre les poilducs en sept) : d'abord la saucisse et l'onglet cancéri(o)gène !
Ô combien de figatellis, combien de mortaus et de montbéliards ai-je abandonnés à mes boyaux ; déjà le remords stomacal, intestinal et rectal me torture. Je sais maintenant que je devrai expier les fatales ingestions de pâté de sanglier, de mousse de canard, de daube et de pot-au-feu. Je n'espère plus que racheter les désordres de ma vie gastronomique, fut-ce au prix d'un pélerinage, à genoux, aux sources de Volvic -publicité gratuite- ou d'un ex-voto à Sainte Blette ou Saint Radis.
Je me remettais à peine de ce coup de poignard lorsque j'ai appris que d'autres chercheurs (eux aussi peu consensuels ou qu'on sent peu sensuels) ont établi que les rapports buccogénitaux provoquaient des cancers oropharyngés (toi y en a faire cochonneries avec ta bouche toi y en a avoir cancer !). Moi qui mène depuis près de trente ans une vie de modération sexuelle, voire de chasteté épisodique, j'en fus tout ébaubi ; ainsi, même les petits plaisirs gratuits sont sujets à justice immanente ! Ils ont bien raison, les ayatollahs de tous poils, les tartufes de la couille*, de nous déconseiller ce qu'ils s'autorisent ; par-là même, ils nous sauvent du vilain crabe et du péché ignominieux.
Évidemment, j'attends dans l'angoisse la prochaine découverte, qui jettera l'anathème sur mon verre de Brouilly, mon morceau de Saint-Nectaire ou mes regards concupiscents (cancer de l'oeil).
Bon, avant qu'on s'aperçoive que le surf donne le cancer du pied, je prends mon morey et je me casse.DMOS
*Et oui, parfois on ne peut éviter le langage viril des hommes d'action.
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