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dimanche 26 avril 2015

LES DOGMES SACRÉS







IV   LES DOGMES SACRES




    J’entends par dogme toute opinion donnée comme une certitude absolue ; c’est dans ce bois qu’on  taille les religions et les politiques.
    Brandi comme une massue pour écraser tout esprit rebelle, le dogme, même s’il est bâti à l’origine sur une pensée discutable, possède une telle force que peu de gens  osent le remettre en question, alors même qu’il deviendrait nocif. 
    Il y en a trois auxquels j’aimerais faire un sort.

*DOGME DE LA NATALITE
    Quand Jésus a dit –aurait dit- « Croissez et multipliez », la population de la Terre devait approcher le total de nos quatre plus grandes villes actuelles. Vingt siècles plus tard le même slogan fait toujours recette malgré des dérèglements évidents. Je n’ai pas inventé le mot « popullution », et pourtant…
    Quand les générations des baby-booms chinois et arabe vont arriver à l’âge de la retraite –dans pas si longtemps-, que va-t-il se passer ?  Mes prévisions ? Action numéro un : un coup d’accélérateur sur les naissances pour atteindre le quota idéal de quatre actifs pour un retraité (je ne vous parle pas du problème 40 ou 50 ans après). Action numéro deux : puisque l’espérance de vie progresse –un doute m’effleure- je crains qu’il faille repousser l’âge de la retraite à 75 ans.
    J’avais à peine vingt ans que ce problème me tarabustait déjà : il faut dire que j’étais un jeune con qui se posait des questions « à la con » comme disaient les beaufs des années 70.
    Autre question que je me posais et qui n’a pas pris une ride –peut-être quelques kilos- : nous sommes de plus en plus nombreux sur une planète qui a la sottise de ne pas s’agrandir ; sachant qu’il n’y a guère que soixante ans que le mouvement démographique s’est emballé, au rythme actuel, qu’en sera-t-il dans un demi-siècle ?   
    Quant aux effets négatifs de la surpopulation, en voici quelques uns ; à vous de juger s’ils justifient un statu quo démographique :
-disparition des terres arables
-surdensité, donc stress, agressivité,…
-dénaturation des paysages
-conurbations sans espaces tampons (Japon, Chine, USA, Europe)
-villes peuplées comme un pays (le grand Tokyo= 38 millions d’habitants)
    Prise sur la campagne, une maison en plus c’est des animaux en moins [insectes, oiseaux, rongeurs] ; qu’en diriez-vous si vous étiez une de ces bêtes ?
    Et quand j’en entends se pâmer sur les villes-monde je redoute le jour où le monde sera une ville. 
  
*DOGME DE LA CROISSANCE
    De quelles volées de bois vert ont été rossés les altermondialistes quand ils ont parlé de croissance zéro et pourtant il semble évident que nous sommes devant une impasse. Outre les fameuses pannes de croissance -de plus en plus fréquentes et longues- il est clair, même pour un enfant de dix ans, que le prix à payer pour maintenir ce dogme à son zénith sera exorbitant (mais ce ne sera pas nous qui règlerons la note).     
    Dans un monde en route vers huit, puis neuf milliards d’habitants, la croissance continue suppose des prélèvements « à blanc » sur les richesses de la planète : démentez-moi si vous le pouvez !   
    Croyez-vous, par exemple, que granulat et ciment se reproduisent spontanément ou faut-il envisager pour leur extraction d’araser quelques reliefs, chez le voisin si possible ? D’après vous, que reste-t-il d’un paysage quand tout le schiste bitumineux en a été extrait ?
    Enfin, c’est au dogme de la croissance  perpétuelle que nous devons tous les dommages collatéraux que solderont nos descendants (produits chimiques dans les sols, dépôts de matières nucléaires, stocks de poissons proches de l’épuisement,…).
    La décroissance est-elle souhaitable ? Une autre croissance est-elle possible ?  Ça, c’est un autre problème parce que ceux qui profitent le plus de ce dogme se sont rencognés dans une niche inexpugnable, comme un crabe dans son trou de roche quand il nous a aperçu, et ils ne sont pas près d’en sortir, le monde dût-il s’écrouler autour d’eux. 

*DOGME DE LA VITESSE
    Mais qui a dit que tout devait se faire rapidement ? A quoi me sert d’accélérer, si ce n’est d’aller plus vite à ma fin ? Quel est le dolichocéphale qui a fait rimer temps et argent, auquel d’autres ont rajouté business et vitesse, rapidité et rentabilité, vélocité et efficacité ?
    Cette maladie du chrono, du score et du record, a gangréné toutes les sociétés -mais pas tous les individus- : des JO sans records du monde, ni chiffres historiques de spectateurs ou de sommes investies, rapetissent à vue d’œil ;  ne pas améliorer le temps de déplacement d’une ville de province vers la capitale sonne comme une indignité nationale ; la communication à la nanoseconde nous paraîtra un jour d’une insupportable lenteur.
    Je ne sais pas où se situe le paroxysme de cette « dromomanie » (je sais, j’avais promis de surveiller mon vocabulaire, mais je n’ai pas pu tenir) pourtant j’en vois aussi clairement les effets pervers que j’ai peine à en discerner tous les bénéfices. Certes, je communique et je m’informe plus rapidement, des produits me parviennent dans un temps raisonnable, je peux rejoindre mon cousin de San Francisco en une journée, néanmoins le revers de cette accélération constante c’est : 
-une intrusion de la vie professionnelle dans la vie privée, la fluidité de la communication aboutissant au travail à domicile non rémunéré, via internet.    
-un esclavagisme (pour l’instant) rampant : produire plus, en moins de temps et en diminuant le personnel.
-l’ouverture à la délocalisation : si les chaussures chinoises devaient faire un mois de bateau à voile sous les coups de tabac et les attaques de flibustiers elles seraient encore fabriquées en France !
-l’obsolescence perverse : seule une usure précoce peut assurer un renouvellement rentable des produits.
-l’anticipation mortifère : il est vrai que, dans une certaine mesure, anticiper c’est se donner une prise sur les évènements (dans ce cas pourquoi ne s’alarme-t-on pas de ce que sera notre monde au siècle prochain ?) mais cette maladie d’avoir un temps d’avance devient presque monomaniaque. J’ai tout faux ? Bien. Lisez les publicités de votre boîte aux lettres : on vous vend les cartables de la rentrée fin juin, les cadeaux de Noël fin octobre, les chocolats de Pâques en plein février. Des Jeux Olympiques sont à peine finis qu’on nous inonde des suivants, même à huit ou douze ans de distance. Déjà que la vie a tendance à passer vite…

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