Amis sportifs, je suis le seul intellectuel 50% sportif;
amis intellectuels, je suis le seul sportif 50% intellectuel;
amis cons, allez surfer ailleurs;
amis, jeunes ou vieux, qui ne voulez pas mourir idiots, venez me rendre une petite visite de temps en temps.

mercredi 25 février 2015

ECRIRE... POURQUOI ?

   La littérature est vaine en ce sens qu'aucun livre, aussi sublime qu'il soit, n'a produit de bouleversements notoires dans une société. La preuve ? Le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo n'a pas fait abolir la peine de mort -Badinter a été plus efficace- ; Walden de Henry David Thoreau, L'utopie ou la mort de René Dumont n'ont pas fait des Terriens des écologistes acharnés.
   Quand un livre a un impact, il est limité à un domaine, un évènement ; c'est le cas de Voltaire dans  l'affaire Calas ou de Zola dans l'affaire Dreyfus.
   Alors, me direz-vous, pourquoi écrire ?
   C'est la question que je me suis posée pendant les vingt ans où je n'ai pas cherché d'éditeur à mes six livres, parce que tout me disait que le destin de la littérature est dérisoire : tous ces auteurs, adulés de leurs vivants, tombés dans les culs-de-basse-fosse des anthologies et des encyclopédies ; tous ces livres, fiertés du catalogue d'un éditeur, dont on lit avec consternation la liste à la fin d'un roman et dans laquelle on ne connaît qu'un ou deux auteurs sur une centaine ; tous ces soleils littéraires défunts dont la pensée est mise en pièces selon les appétits des uns et des autres, parfois trahie, parfois utilisée par ceux qui le mériteraient le moins (Albert Camus, par exemple, dont se réclament des indignes).
   Alors, pourquoi écrire ?
   En ce qui concerne les autres j'en suis réduit aux suppositions : narcissisme, vanité, psychothérapie, concrétisation d'une disposition naturelle (comme quelqu'un qui court vite avec un ballon devient footballeur professionnel), besoin de transmission, nécessité intérieure (si je n'écris plus je meurs... pourquoi pas !), obligation financière -une fois qu'on est lié à une grosse maison-, et que sais-je encore !
   Quant à moi, comme je suis un fruit tardif je l'ai réalisé très tard, le jour où j'ai aperçu la constante environnementale de mes livres : moi qui n'attends de la littérature ni notoriété -quel emmerdement !- ni argent -pour l'instant j'en ai plutôt perdu- j'écris pour trouver la petite fissure, la minuscule fente dans laquelle je pourrais m'introduire dans la muraille médiatique. Une fois introduit dans la citadelle j'essaierais -à ma façon plus grotesque que scientifique- d'exprimer une certitude qui m'a investi il y a près de quarante-cinq ans, et que l'état de la planète n'a cessé depuis de justifier : notre façon d'appréhender le monde est en contradiction avec sa réalité. Cette distorsion ne cesse d'augmenter et les effets délétères qu'elle engendre (et qui n'en sont qu'aux prémices) frapperont impitoyablement nos descendants.
   Depuis quarante-cinq ans j'espère tous les jours me tromper. J'écris donc pour pouvoir un jour ouvrir ma gueule et crier le plus fort possible dans le porte-voix ; à défaut de cela,  je n'aurais pas cherché d'éditeur et mes manuscrits dormiraient encore au fond d'un carton.

   Je sais, aujourd'hui je ne vous aurai pas fait sourire, c'est assez dire la confiance que j'ai en votre intelligence.

1 commentaire:

  1. Cher Daniel, rire est agréable et nécessaire.
    La réponse à pourquoi écrire est comme tu l'as
    dis, fonction de notre être intérieur, de nos convictions
    et bien plus car nous sommes infiniment +plus+ que ce que
    nous pensons être.
    De ma modeste expérience qui s'est considérablement enrichie ces derniers mois,
    non pas grâce à des auteurs, non pas grâce à des enseignements, car étant un résistant de naissance j'ai donc fais ce que je fais le mieux.
    J'ai appris grâce à une analyse déductivo-synthétique crée par une mutation (Oui on est mutant lorsque qu'on a passé du temps entre deux cultures assez opposées) les moins aguerris finissent par épouser l'une des deux, les plus fantasques, bizarres ou différents ne le font pas. Souvent l'on me fait remarquer que je n'ai pas l'accent d'ici et cela partout où je suis passé.
    Je partage assez ton avis : notre façon d'appréhender le monde est en contradiction avec sa réalité. Cependant je n'en blâme personne, sauf, sauf, sauf les Marionnettistes ces êtres nécessairement opposés au règne animal et qui font bien plus qu'en sorte de nous maintenir dans l'ignorance, ils nous précipitent depuis peu dans une orgie sauvage, décérébrée et aveugle.
    J'ai pourtant foi que la Lumière est Là et se fera connaître.

    Pascal

    RépondreSupprimer