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dimanche 14 septembre 2014

TROIS

    J'éprouve une certaine honte -honte d'écrivain, c'est-à-dire saturée de complaisance et de délectation- en constatant que j'ai ouvert cette rubrique sans abonder son fonds. Par bonheur une idée subite va peut-être me sauver de l'ignominie : les formules toutes faites à déchirer à belles dents.
    Et, tout de go, je vous offre la première qui émoustille mon cerveau, elle qui est venue me provoquer alors que je tentais une sieste dans mon transat... un PAYSAGE DE CARTE POSTALE.
    Cette formule laisse à penser qu'un endroit est si beau qu'il devient digne de figurer sur un de ces clichés que les griffes du tourisme offrent à notre concupiscence béotienne. Mon oeil ! La carte postale, à l'image -jeu de mots- des documentaires et autres émissions à prétentions touristico-éducatives, constitue un trompe l'oeil indigne, une mise en scène frauduleuse.
    Comme le propriétaire véreux, qui présente son bien frelaté à un acheteur innocent, a pris soin de cacher les défauts, de masquer le bordel et de mettre en valeur les rares qualités, le photographe truque en retouchant le ciel, en ne cadrant que le séduisant, évitant la verrue toute proche qui agresse vos yeux quand vous venez visiter les lieux.
    Dans la même perspective votre regard embrassera le monument remarquable et l'ignoble magasin de souvenirs qui le flanque, le bel étang et le "hangar à la chaussure" dont le commerce l'a agrémenté.
    La carte postale est souvent le mensonge d'un lieu fantasmé, une caution pour le bousillage de son environnement, l'attrape-gogo qui vous vend un monde qui n'existe plus pour que vous veniez dépenser vos euros là où il faut.
    Quand je vois certains endroits, que je connais un peu, dans des émissions mettant en valeur les beautés de la France je m'esbaudis ; mais... où sont les villas qui enserrent le magnifique alignement de Carnac, les rutilants supermarchés à l'horizon de la cité de Saint-Malo, la belle saignée de l'autoroute sur le fond des collines niçoises ?
    Je sais, j'ai mauvais esprit. Pourtant je ne peux pas m'empêcher, quand je lis ou entends PAYSAGE DE CARTE POSTALE qu'on est en train de me faire prendre des vessies pour des lanternes. Je lui préfère mes modestes beautés -que je garde pour moi- ou la vérité crue de quelque photographe impulsif qui a figé pour l'éternité un village-rue vertigineux d'inintérêt ou une station d'essence aussi rutilante qu'architecturalement désespérante.

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