Voilà quelques jours que je me disais "Pourquoi ne pas aborder un sujet consensuel ? Un de ces thèmes qui ne soulèvent ni polémiques, ni énervement..." Et puis, toc, ce matin j'ai trouvé la perle : le truc qui zénifie toute assemblée, qui fait descendre la paix dans les cœurs les plus enragés. Alors, chers Nobés, vous qui êtes de plus en plus nombreux (et je redoute le moment où je ferai de l'ombre à Taylor Swift), préparez vos mandibules de lecteurs, vos crocs de bibliophiles, car je vais vous parler de... démographie !
En effet, en tant que béotien de première classe, je ne comprends pas cet acharnement reproductif, cette trouille de la dépopulation, cet affolement devant la dénatalité. Nous serions un million sur la planète, j'admettrais l'angoisse de la disparition, le genre de sentiment que l'on doit éprouver quand on est un orang outan, un tigre ou une truite dans la Seine. Mais 8 milliards ! C'est pas demain qu'on va risquer l'extinction ; et même si la population mondiale baissait, un p'tit coup dans les miches et on relance la machine, non ?
Avec tout ça, il y en a qui ont peur qu'il y ait trop de noirs, trop de jaunes, trop de... vivement qu'on soient tous caca d'oie. Et puis, comme à la récré on se montrait nos biceps ou nos mollets, c'est à qui aura le plus gros populo, au moins plus que son voisin (histoire de pouvoir lui péter la gueule un des ces jours ?). Les Chinois se la jouaient avec leur milliard et voilà que les Indiens sont en train de les rattraper ; les gars, il ne faut pas se laisser faire. Amis de l'Empire du Milieu, réarmez le bazooka à spermatozoïdes et reprenez votre leadership.
Blague à part, on nage en plein délire. Pour faire tourner la machine il faudrait se reproduire à couilles rabattues, au moins trois morveux, voire quatre, par famille. Dix, douze, quatorze milliards de Terriens, qu'importe. Allez, enfournez, entassez, construisez, lotissez, et, si vous avez le temps, lisez Les monades urbaines de Robert Silverberg.
Hormis l'équilibre des organismes de retraite et le soutien de la consommation, je ne vois pas en quoi l'augmentation de la population est bénéfique. On me donne parfois l'argument des progrès scientifiques : le progrès en science n'a pas forcément besoin de nombre pour exister, mais plutôt de temps, de partage et de transmission. Enfin, je ne vois pas en quoi on est mieux à 20 000 plutôt qu'à dix dans une ville : que gagne-t-on à l'augmentation de la population -rêve de presque tous les maires- si ce n'est plus de circulation, moins de place, moins d'espaces verts et d'endroits charmants, moins de communication entre les gens ?
Allez, amis Nobés, faites votre devoir séminal si vous ne voulez pas passer pour un vilain malthusien, un trique-menu, une petite bourse, un peine à jouir. Et entonnez ce chant martial : "Aux dames citoyens, formez vos bandaisons, baisons, baisons, qu'un jet bien pur abreuve leurs sillons... " *
Allo! Non, mais allo, quoi !
*Ce paragraphe est le résultat d'une crise de trumpite aigüe.
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