Je tiens avant tout à prévenir mes lecteurs fidèles que cet article est un peu particulier: pas de jeux de mots, pas de boutades. Je ne me suis permis qu'une fantaisie, dans le titre.
Il y a une quinzaine, je patientais dans une queue aux caisses d'un grand magasin. Comme nous devons être nombreux à le faire, je laissais errer mon esprit pour tromper mon impatience. A un moment est arrivé, au bout de la file la plus proche, un couple dont la femme, la trentaine, disparaissait sous un très beau vêtement gris souris qui ne laissait de visible qu'une bande de visage : les yeux, le nez et le haut des joues.
A regarder cette femme, murée dans sa robe, je me suis senti blessé. Pas exaspéré ou choqué. Ce n'était pas un réflexe xénophobe ou à relents anti-religieux mais sa violence m'a mis mal à l'aise, au point que j'ai dû m'expliquer avec moi-même.
Voilà quelques temps que j'ai dépassé mes premières réactions à cet affichage d'habits que je juge oppressifs : énervement devant l'envie de "provoquer le gaulois" ; irritation devant la volonté d'étaler sa religion -ainsi commence toute intolérance ; navrement à l'idée que cette emprisonnement vestimentaire est le fruit d'une contrainte.
Non, ce que je ressentais avec une brutalité si intime c'était le malaise qu'on éprouve lorsqu'on assiste à une trahison : en fait, toutes celles qui arborent des vêtements coercitifs -si elles n'y sont pas obligées- trahissent leurs soeurs qui ont lutté pour leur émancipation et toutes celles qui se battent dans le monde pour sauvegarder ou obtenir le droit à vivre en êtres autonomes et responsables d'eux -mêmes.
On sent tellement de forces réactionnaires tapies dans l'ombre de la respectabilité, prêtes à remettre les femmes à leur "juste place", que le choix d'une tenue qui efface la personne est déjà un acte conséquent.
Je ne vois pas d'autre raison à l'intensité de ma réaction... Et ceux qui me lisent avec fidélité savent que je n'ai pas plus de tendresse pour les poupées barbies qui font commerce médiatique de leurs attributs.
Oui, je suis blessé de voir des femmes que l'on séquestre dans leur vêtement et je crains qu'il n'y ait pas loin de cette claustration à d'autres restrictions encore moins recommandables.
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