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jeudi 18 février 2016

HOMO SUCCEDANUS

    Avertissement : mes petits vampires lecteurs à l'esprit mal tourné vous en serez pour vos frais... Ce titre est on ne peut plus sérieux et ce texte ne s'intéresse à aucune turpitude sexuelle.

    Je m'émerveille encore que nous survivions dans ce monde de l'ersatz et du simili. Ainsi, l'objet de bois est devenu plastique, lequel d'ailleurs imite parfois le bois ; nous consommons des arômes reconstitués, des vedettes qui doivent au silicone leurs principaux atouts, des meubles qui n'ont que l'apparence d'un vrai mobilier (hic et ah ?),... 
    Broutilles que tout cela. Pour moi, le plus sidérant c'est que l'on fasse de nous des succédanés d'hommes auxquels on propose des ersatz de travail ; exemple, au hasard, quand on nous "offre" d'être manutentionnaire chez Ah ma zone -je n'ai toujours pas les moyens de me payer un procès- plutôt que libraire.
    Dans ce monde de l'artifice l'essentiel est de capter l'attention, même avec du rien ; d'où des émois microscopiques traités comme des symboles, des arbitres philosophico-spirituels fumeux qui pontifient sur les ondes, un bric à brac émotionnel ou visuel dans lequel la pensée se ratatine, des coachs à tout faire qui poussent comme des champignons, des tocs chauds*1 (c'est pas comme ça qu'on dit ?) où la provoc et la méchanceté tiennent lieu d'intelligence.
    J'essaie bien d'y échapper, mais jamais suffisamment. Il m'arrive de me sentir lyophilisé, tout desséché, réduit à la dimension d'un pygmée intellectuel. Tous les moyens sont bons pour évider le citoyen moyen.
    La méthode est insidieuse mais efficace : une fois que je suis aussi consistant qu'une mue de serpent, le moindre vent m'emporte où il le veut. Le souffle du moindre mot suffit à me conduire où le désirent mes maîtres : les sirènes financières murmurent productivité... et me voilà flottant, et consentant à toutes les avanies sociales (les patrons sri-lankais aussi doivent susurrer ce mot magique quand leurs ouvriers demandent une augmentation de cinquante centimes par mois). Et vous avez entendu avec quelle suavité on nous berce de termes prometteurs : virtualisation, numérique, dématérialisation. On en mangerait.
    Les jeunes cerveaux ne sont pas oubliés : ainsi, les jeux vidéos, dans leur perfection visuelle, sont une redoutable machine à détournement intellectuel. Trois heures passées devant Word of Warcraft ce sont trois heures qui ne sont pas consacrées à lire*2 l'Histoire...des grèves de 1955, par exemple.
    Si vous êtes comme moi, vous sentez que la laisse est tenue raide, mais cela n'empêche pas d'aboyer. Et puis ce qui me plaît c'est qu'il existe de plus en plus de groupes et d'associations qui refusent le rêve à mes ricains, la chosification rampante. Les rejoindre c'est respirer une bouffée d'air pur, à défaut de changer (un jour) le monde.

*1   Talk show ! ça m'arracherait la gueule.
*2   Le livre c'est "caca" ; surtout, lire pourrait se révéler subversif...car en l'an de grâce 1955 les trente glorieuses n'étaient pas si reluisantes : salaires insuffisants, grèves monstres (jusqu'à un défilé de soutien des femmes à Nantes) et, à l'arrivée, partant de chez Renault, l'octroi d'une troisième semaine de congés payés. Voilà qui "éclaire" le bon temps des années 50 ; mais il est vrai qu'une bonne baston médiévale ça vous a une autre gueule...

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