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vendredi 30 septembre 2016

HUBRIS, LE MONSTRE DU SIÈCLE

    Même si nous avons facilement l'impression que les siècles précédents ne peuvent nous égaler dans l'extraordinaire, il me semble que la démesure -comme la violence ou l'oppression- sont en l'homme depuis la nuit des temps.
    Sans citer la tour de Babel, il suffit de regarder les pyramides ou les cathédrales pour comprendre que l'hubris (comme disent les gens qui savent causer) est dans la nature de certains humains.
    Si le XXIème siècle se distingue des autres c'est par le nombre de Terriens qui acceptent de vivre sans réaction au milieu de la démesure, et par la puissance des machines qui nous permettent d'assouvir cette tendance.
    Voilà ce qui me frappe : de moins en moins d'humains résistent à cette furie qui broie dans ses mâchoires une planète non extensible, périssable et unique. Certaines nations, comme les USA et la Chine, se font même les champions de l'énormité, du gigantisme.
    Combien de dirigeants du globe entend-on appeler à une gestion plus raisonnable de la Terre qui laisserait quelques ressources à nos descendants, qui permettrait à la planète de souffler, de reconstituer ses populations animales et végétales ?
    Bien au contraire, devant les ratés du moteur libéral chacun y va de son plan de relance, de ses projets pharaoniques. Y aura-t-il un jour un politique pour poser une question presque philosophique : sommes-nous là pour dilapider le seul lieu de l'univers où nous pouvons vivre ? Quel est le sens de notre action sur Terre quand la démesure ne cesse de s'amplifier ?
    Les villes jettent leurs tentacules à des kilomètres de leur centre, le fourmillement humain colonise toujours plus d'espaces, nos machines creusent encore plus profond roche et terre en quête d'énergie et de matériaux.
    J'attends encore le ou la responsable qui couvrira les autres voix pour affirmer que le temps de la mesure est venue. Le temps d'économiser la Terre, où la cure de sobriété commencera par les gros mangeurs, les goinfres d'aujourd'hui.
    Mais je suis en pleine utopie ; étant donné que nous courons vider les magasins à la première menace de pénurie, imaginez le spectacle si nous venions à manquer de pétrole, de gaz ou d'eau ?
    Comment n'arrive-t-on pas à comprendre que l'hubris est un poison aussi séduisant que mortel ? Dans trente ans, quand le grand Paris aura poussé ses pseudopodes jusqu'à Rouen, Compiègne, Troyes, Orléans, que ferons-nous ? Le très grand Paris, jusqu'au Havre ? Et après, nous aménagerons la mer ?
    Alors, plutôt que de me pendre dans l'heure, je vais continuer à écrire des livres -pas trop- en y glissant des pensées antidotes, avec l'espoir risible qu'un jour mon petit germe taquineur se répande. On ne se refait pas...

    N.B. : Le mariage de l'année... Bayer et Monsanto : et ils eurent beaucoup d'enfants, toxiques et accapareurs.

lundi 26 septembre 2016

PARABOLE DU BROCHET

    Toute chose a une fin, même les vacances : j'ai donc mis hier soir un point final aux congés que je me suis généreusement octroyés cette année. Me voilà définitivement de retour, prêt à en découdre avec tous ceux qui retourneront leur veste, décidé à leur tailler un costume et à leur coller aux basques...
    Au cours de mes méditations sur les sommets de la Haute Auvergne, il m'est venu une idée simpliste et -comme toutes les vapeurs incontrôlées de ma pensée- je ne résiste pas à l'envie de la partager avec vous : il s'agit d'une modeste parabole qui résume la situation de l'Homme aujourd'hui, une synthèse de l'anthropocène (mot que j'entends tous les jours, maintenant que les journalistes et les zopos l'ont découvert).

    Un jour, un paysan attrapa, au hasard de la pêche, un sifflet, un brocheton mâle mangeur d'alevins, et comme il lui trouvait un museau sympathique il le jeta dans son seau au lieu de le remettre dans la rivière. 
    Revenu à sa ferme il le relâcha dans une grande mare qui jouxtait son verger. La pièce d'eau pullulait de gardons : pour se remettre de ses émotions, le brochet miniature dévora quelques gardonneaux de l'année.
    Dans sa mare il vécut heureux de nombreuses années jusqu'au jour où le paysan apporta un de ses congénères pour lui tenir compagnie : idée funeste. Le nouveau étant aussi mâle que lui, il ne put s'adonner aux plaisirs du déduit amoureux ; le nouveau ayant à peu près sa corpulence, il ne put l'éliminer d'un claquement de bec ; le nouveau ayant aussi bon appétit que lui, la concurrence fut tout de suite effroyable. Les deux brochets se détestèrent illico et se firent la gueule ce qui, pour un brochet, n'est pas anodin.
    Les coupes sombres qu'ils pratiquaient dans la blanchaille finit par raréfier la nourriture, les gardons n'ayant même plus le temps de se reproduire.
     La logique ne leur proposait qu'une solution : se serrer drastiquement la ceinture et attendre que le cheptel se reproduise, mais, la concurrence qui les opposait les rendant stupides, chacun envisageait plutôt d'éliminer son adversaire et de boulotter plus tard le reste des poissons blancs.

    Et voilà ! Finkelkraut et Onfray ne seraient pas parvenus à résumer la situation de l'homme contemporain aussi magistralement. Nous sommes les brochets, la mare notre monde et les gardons  toutes les ressources -animales, végétales et minérales- dont nous disposons.

N.B. :   Pour ménager votre sensibilité je n'ai pas décrit la troisième branche de l'alternative, c'est à dire la consommation des gardons jusqu'au dernier avant d'entrer dans un combat à mort, le survivant n'obtenant qu'un sursis à sa fin programmée.
P.S. : Ne me remerciez pas, mais vous venez d'éviter la lecture d'un gros livre, aussi indigeste que déprimant.

mardi 6 septembre 2016

GOURMANDISES FUTURES

    Jésumarijosef, après avoir siroté un mois et demi de vacances j'ai déjà besoin d'une petite resucée de trois semaines ! Car j'ai déjà oublié le goût de la lenteur et l'odeur du silence. A part cela, la cafetière qui me sert de tête continue à bouillir régulièrement et je m'attends à vivre des mois particulièrement stimulants vu que l'approche des présidentielles va accélérer la distribution de friandises médiatiques.
    Nous avons pu, d'ailleurs, déguster les premières pralines : le tacle assassin de l'avant-centre Fillon ; le but contre son camp de l'Attali en herbe (l'Attila qui bouffe le gazon socialo), si grosse tête qu'on le surnomme déjà le Macroncéphale ; le petit crochet intérieur pour se débarrasser du marquage sur l'aile droite et la protection virile du ballon chez le candidat-président.
    Au chapitre ignominie et viscosité, un ancien ministre mis en justice vient de se défausser sur un mort : au niveau d'un excellent Dumas ou d'un bon Balzac.
    Croyez-moi, j'en salive déjà. Rien que d'y penser il me vient une faim de loup... Évidemment, nous allons bien moins rigoler quand il va falloir passer aux urnes ; le désespoir du vide pourrait nous saisir, et le lendemain du deuxième tour coïncider avec une belle gueule de bois.
    Si les coulisses de la campagne s'annoncent prometteuses, pour ce qui est des discours programmatiques je pronostique un ennui sans fond, un emmerdement sidéral, une monotonie migrainogène : les premières déclarations que j'ai pu entendre me laissent supposer que je vais pouvoir me passer de rasoir quelques temps...
    Il y a bien Mélanchon dont la parole et la pensée brisent la routine, mais je n'aimerais pas être traité de mélanchonien, le mot me paraissant râpeux sous la langue. Mélanchon, cela sonne comme merluchon, et malgré toute mon estime pour ce vaillant zopo je ne le rejoindrai que par défaut, lorsque tous les autres m'auront donné envie d'aller m'installer sur Mars.
    En attendant, je me casse pour finir mes valises. Je laisse mon morey, peu utile en Auvergne. DMOS