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lundi 26 septembre 2016

PARABOLE DU BROCHET

    Toute chose a une fin, même les vacances : j'ai donc mis hier soir un point final aux congés que je me suis généreusement octroyés cette année. Me voilà définitivement de retour, prêt à en découdre avec tous ceux qui retourneront leur veste, décidé à leur tailler un costume et à leur coller aux basques...
    Au cours de mes méditations sur les sommets de la Haute Auvergne, il m'est venu une idée simpliste et -comme toutes les vapeurs incontrôlées de ma pensée- je ne résiste pas à l'envie de la partager avec vous : il s'agit d'une modeste parabole qui résume la situation de l'Homme aujourd'hui, une synthèse de l'anthropocène (mot que j'entends tous les jours, maintenant que les journalistes et les zopos l'ont découvert).

    Un jour, un paysan attrapa, au hasard de la pêche, un sifflet, un brocheton mâle mangeur d'alevins, et comme il lui trouvait un museau sympathique il le jeta dans son seau au lieu de le remettre dans la rivière. 
    Revenu à sa ferme il le relâcha dans une grande mare qui jouxtait son verger. La pièce d'eau pullulait de gardons : pour se remettre de ses émotions, le brochet miniature dévora quelques gardonneaux de l'année.
    Dans sa mare il vécut heureux de nombreuses années jusqu'au jour où le paysan apporta un de ses congénères pour lui tenir compagnie : idée funeste. Le nouveau étant aussi mâle que lui, il ne put s'adonner aux plaisirs du déduit amoureux ; le nouveau ayant à peu près sa corpulence, il ne put l'éliminer d'un claquement de bec ; le nouveau ayant aussi bon appétit que lui, la concurrence fut tout de suite effroyable. Les deux brochets se détestèrent illico et se firent la gueule ce qui, pour un brochet, n'est pas anodin.
    Les coupes sombres qu'ils pratiquaient dans la blanchaille finit par raréfier la nourriture, les gardons n'ayant même plus le temps de se reproduire.
     La logique ne leur proposait qu'une solution : se serrer drastiquement la ceinture et attendre que le cheptel se reproduise, mais, la concurrence qui les opposait les rendant stupides, chacun envisageait plutôt d'éliminer son adversaire et de boulotter plus tard le reste des poissons blancs.

    Et voilà ! Finkelkraut et Onfray ne seraient pas parvenus à résumer la situation de l'homme contemporain aussi magistralement. Nous sommes les brochets, la mare notre monde et les gardons  toutes les ressources -animales, végétales et minérales- dont nous disposons.

N.B. :   Pour ménager votre sensibilité je n'ai pas décrit la troisième branche de l'alternative, c'est à dire la consommation des gardons jusqu'au dernier avant d'entrer dans un combat à mort, le survivant n'obtenant qu'un sursis à sa fin programmée.
P.S. : Ne me remerciez pas, mais vous venez d'éviter la lecture d'un gros livre, aussi indigeste que déprimant.

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