Amis sportifs, je suis le seul intellectuel 50% sportif;
amis intellectuels, je suis le seul sportif 50% intellectuel;
amis cons, allez surfer ailleurs;
amis, jeunes ou vieux, qui ne voulez pas mourir idiots, venez me rendre une petite visite de temps en temps.

mardi 22 septembre 2015

DMOS À AIX

    Mon morey est jaloux parce que jeudi dernier, après avoir essayé un paddle, j'ai surfé en kayak tout l'après-midi ; à présent il boude dans le garage. D'autant que cet été je ne l'ai pas emmené sur les plages de sable fin du Cotentin... Enfin, ça lui passera !
    A propos de paddles -qui squattent les bons spots comme des morpions sur du poil douteux- je me permettrai deux remarques : d'abord c'est stand up paddle (on rame debout), sinon faire du paddle signifie seulement pagayer ; ensuite, nous avons connu (nous les sexa) l'ancêtre de cet engin, le gondolys, mais à l'époque la notion de surf en France se limitait aux disques des Beach Boys... Par ailleurs c'était un engin pour draguer les sirènes plutôt que l'écume.
    Je ne dirai rien de la prochaine COP21, CMP11 sur la CNUCC ; j'aiguise juste mes flèches en attendant le fruit de la parturition du mammouth...
    Samedi et dimanche, week-end du patrimoine à Aix : au-delà du bonheur de revoir le musée Granet, un terrible choc : la confrontation de deux images qui a ouvert dans mon esprit un abîme douloureux et amer. Samedi, flânerie dans le parc du jas de Bouffan, enserré par un boulevard, une autoroute et des immeubles sans âme ; dimanche, une toile lumineuse de Cézanne, du même jas, en 1874. Ce fut comme une brûlure morale.
    En cent cinquante ans l'admirable paysage a sombré dans la banalité bruyante (j'évite "laideur consternante" pour rester objectif) et une question a pénétré mon crâne comme un fer rouge : que gagnons-nous à être 140 000 là où nos arrière-grands-parents étaient 29 000 et nos parents 54 000 ?
    Plus de bruit, plus de béton, moins d'arbres, moins d'espace et de perspectives charmantes ? Je ne parviens pas à comprendre le dogme de la natalité dans ce monde qui rétrécit ; venant des planificateurs, des patrons de grandes entreprises, des zopos*, je peux le comprendre même si je le désapprouve. Les uns pensent à l'équilibre des retraites, les autres à la masse nécessairement croissante d'acheteurs, les derniers à un des rares chiffres qui soient encore à leur avantage.
    Mais que des gens normalement constitués puissent se réjouir des dix milliards d'individus promis pour la fin du siècle (imaginant que les hommes vont faire une pause une fois ce chiffre atteint !), cela échappe à mon entendement. Si, comme moi, vous naviguez entre deux âges, plus proche du Cap Horn que de celui de Bonne Espérance, vous pouvez imaginer, à la mesure de ce qu'étaient les villes et les paysages de votre tendre enfance, ce que regarderont vos arrière-petits-enfants.
    Si encore les considérations ci-dessus étaient le fait d'un vieillard grincheux et atrabilaire... Au quotidien je ne crois pas passer pour un rabat-joie, un pisse-vinaigre ou un bonnet de nuit (un barbu oui, un barbon non) ; j'aimerais juste que mes descendants aient encore le choix, la possibilité de rincer leur oeil au spectacle d'un paysage modeste mais charmant, sans avoir à acquitter un droit d'entrée ou solliciter une autorisation administrative, sans avoir à rouler deux heures avant de pouvoir se retremper à la vue d'arbres et de prairies harmonieusement disposés.
    Y aura-t-il jamais un homme de pouvoir pour poser cette question : pourquoi devrions-nous être sans cesse plus nombreux ? Un homme prêt à braver l'anathème du malthusianisme. On peut toujours rêver.
    Bon, je vais aller voir mon morey, au cas où il ne me ferait plus la gueule.


*zopos : les hommes politiques, pour ceux qui ne me lisent pas régulièrement.
   


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire